soirée du mercredi 18 mai 2011
dîner-rencontre avec le philosophe Pierre-Henri TAVOILLOT
sur le thème des « Âges de la vie»
le compte-rendu les photos de la soirée
compte-rendu de la soirée
Soirée extrêmement chaleureuse, et quasiment « familiale », pour les quarante anciens de Fauriel et amis, présents ce 18 mai 2011, au restaurant La Pommeraie à Paris 9ème !
Familiale d’abord par le sujet central à traiter : « Les âges de la vie ». Nous recevions en effet Pierre-Henri TAVOILLOT, 46 ans, stéphanois d’origine, ancien élève du Lycée Claude-Fauriel, agrégé de philosophie, maître de conférences à la Sorbonne, et co-auteur, avec Éric DESCHAVANNE, du livre « Philosophie des âges de la vie » (Grasset 2007 ; Hachette Pluriel 2008 ; Prix François FURET 2007).
Familiale également par le prologue de la soirée où nous avons évoqué la mémoire du père de notre conférencier, Henri TAVOILLOT (1920 – 1997), professeur agrégé de français-latin-grec au Lycée Claude-Fauriel (de 1947 à 1982), grand pédagogue, fondateur d’une « École des Parents » et d’une association de culture et loisirs pour les jeunes, créateur en 1951 d’un camp de vacances, que beaucoup de nos camarades de Fauriel ont fréquenté. Cette évocation fut faite grâce à la lecture d’un texte préparé par notre camarade Paul FAYOLLE, malheureusement absent pour raisons personnelles.
Dès lors, quoi de plus naturel que de recevoir, comme nous l’avons fait, notre philosophe Pierre-Henri TAVOILLOT avec des membres de sa famille : son épouse Florence, son frère Paul-André (également ancien de Fauriel), ses enfants Joachim et Maud, et l’un de ses neveux !
Il n’était pas question pour notre conférencier de nous exposer son livre, tant cet ouvrage est encyclopédique (509 pages, 596 références bibliographiques, avec des éclairages historiques, mythologiques, religieux, philosophiques, sociologiques, psychologiques et des perspectives politiques !). Il a donc choisi de nous présenter un bref constat de la situation actuelle.
La question des âges
La question des âges ne se pose pas à tous les âges ! À un moment, l’âge devient un problème : on sort de l’enfance très tôt, pré-adulte, on devient adulte très tard. Il peut en être de même dans la vie professionnelle : junior trop tôt, senior trop tard. Femme fatale à 7 ans, teen-ager à 80 ans ! Brouillage des âges. À chaque âge, on veut le meilleur mais sans le pire. Il y a des produits anti-âges. « Stop aging, start living ! » ...
Trois scénarios d’interprétation de la situation actuelle
On peut interpréter la situation selon trois scénarios, deux scénarios opposés et un scénario alternatif :
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Fin des âges : plus besoin des âges de la vie ; être soi-même tout le temps ! |
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Lutte des âges : dans la famille (parents contre enfants), dans l’entreprise (juniors, licenciement des anciens, …), en politique, etc. |
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Crise de l’âge adulte, voire disparition de l’âge adulte, pas d’âge étalon, pas d’âge arbitre. |
C’est le scénario de la crise de l’âge adulte que notre conférencier choisit de développer.
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La crise de l’âge adulte Introduction : Sous la troisième république en France, Léon BOURGEOIS, plusieurs fois ministre et notamment ministre de l’Instruction Publique, a voulu, dans une réforme de 1902, qu’une fois l’école primaire faite, le secondaire devienne une préparation à l’âge adulte vu sous trois angles : père de famille, soldat, citoyen. C’était clair, … mais il manquait les femmes ! L’âge adulte était alors un âge viril ! Premier élément de crise : Une révolution s’est faite depuis 50 ans : les femmes sont devenues des adultes comme les autres ! … ajoutant leur touche particulière. Cela fait 100% d’adultes en plus et change l’image de l’adulte. Deuxième élément de crise : Nouvelle économie des âges ; on est passé de trois à cinq âges : enfance, adolescence (longue, cf. le film Tanguy), âge adulte, « âgé sans être vieux » (plus d’enfants à charge, voyages …), vieillesse. L’âge adulte est comme coincé, il doit être performant et stable sur le plan affectif, familial et professionnel. L’adulte est quelqu’un « qui n’a jamais le temps » (parole d’une petite fille). Qu’il échoue ou qu’il réussisse, il a un risque de déprime. L’âge adulte est une crise : c’est le cœur frénétique de l’existence. Ce n’est pas une situation forcément attirante ! Troisième élément de crise : Notre époque dévalorise la vieillesse ! Dans les sociétés traditionnelles, à développement faible, le passé compte, ainsi que la conservation des valeurs et des lois des ancêtres ; vieillir est une manière de réussir ; il faut vieillir. Dans la société moderne, ce sont les jeunes qui incarnent l’avenir ; l’être jeune est valorisé. |
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Vivons-nous la disparition ou la reconfiguration de l’âge adulte ?
Les seuils ne disparaissent pas, mais sont plus tardifs, voire réversibles. Il n’y a plus de rites de passage. On entre dans l’âge adulte, mais au fond sans être adulte. L’enfant grandit, l’adulte est en « maturescence » (période d’approfondissement de la maturité). Plus personne ne veut d’uniforme. Les « âges » sont des « processus » infinis. Se sent-on adulte ? Certains évènements peuvent nous le rappeler : mort des parents, naissance des enfants, un voyage, un « non » … Et fondamentalement l’idéal de l’âge adulte ne disparait pas. Un système de sagesse le sous-tend, avec trois composantes :
Expérience (rapport au monde) : avoir suffisamment vu et fait, avoir connu l’échec ; l’expérience ne se transmet pas, elle se conquiert.
Responsabilité (rapport aux autres) : les enfants sont « responsable de … », l’adulte est « responsable pour … » et sait faire confiance ; ces qualités d’adulte peuvent commencer très tôt.
Autonomie / Authenticité (rapport à soi) : se réconcilier avec le monde, avec les autres, pour se réconcilier avec soi ; savoir qui on est sans s’en satisfaire ; avoir des projets.
L’âge adulte n’a pas disparu, il est devenu très exigeant, il est toujours déçu, c’est un horizon qui s’éloigne en permanence.
Ce passionnant exposé suscite des questions de l’auditoire très variées : impact de la religion, acceptation de la finitude et de la mort, rites et rythmes, nouveaux rites de passage ou ersatz de rite de passage (baccalauréat, permis de conduire …), effets de l’accroissement de la durée de la vie, impact des nouvelles technologies sur les différentes générations, différences entre pays (ici jeunisme de l’apparence, là jeunisme des valeurs, phénomènes régressifs, tensions propres à certaines sociétés …).
En clôture, à notre demande, Pierre-Henri TAVOILLOT évoque brièvement ses rôles actuels de Président du Collège de Philosophie (cycle de conférences publiques, en entrée libre, le samedi), et de membre du Conseil d’Analyse de la Société (analyses stratégiques et économiques avec des personnalités pluralistes), ainsi que la sortie de son prochain livre « Qui doit gouverner ? » (Grasset), prévue pour novembre 2011 !
En conclusion de » la soirée, Christian VOLLE, Président du Groupe de Paris, adresse ses vifs remerciements à Pierre-Henri TAVOILLOT ainsi qu’à Paul et Pierre FAYOLLE grâce à qui cette soirée a pu être organisée. Il donne rendez-vous aux membres du Groupe de Paris pour la prochaine manifestation prévue samedi 8 octobre 2011 : il s’agit de la visite du Musée Gustave Moreau et d’un déjeuner-rencontre avec Geneviève Lacambre, conservateur général honoraire du patrimoine.
Pierre Fayolle
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photos de la soirée
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| Christian Volle
Pierre-Henri Tavoillot - Pierre Fayolle |
Pierre-Henri Tavoillot |
