Groupe de Paris des Anciens Élèves du Lycée Claude-Fauriel de Saint-Étienne

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soirée du mercredi 18 mai 2011
 Hommage à Henri TAVOILLOT
  par Paul Fayolle

Il me fait plaisir de rendre hommage à un homme, Henri Tavoillot, qui fut un de nos enseignants mais surtout un éducateur exceptionnel. Il a contribué à orienter mon existence, à lui apporter des éléments décisifs en l’amenant notamment à d’autres rencontres qui furent, elles-aussi, déterminantes.

La présence de Paul-André et de Pierre-Henri ajoutent à mon plaisir de cette prise de parole.

Tenir ces propos au sein de notre association d’anciens élèves me paraît très pertinent. Certes, tous n’ont pas connu Henri Tavoillot qui a notamment exercé en 6ème et 5ème entre 1947 et 1965. Mais son influence a été importante pour tous ceux qui l’ont côtoyé.

On ne rencontre pas tous les jours dans notre existence des personnalités qui nous marquent, nous aident à grandir, à trouver notre singularité, à trouver une place qui nous rend utile et heureux.

Une note sur sa carrière vous sera distribuée, et je remercie Catherine Tavoillot, son épouse, de ses informations.

Je retiens deux aspects de cette « carrière ».

Né à Lyon, étudiant en lettres, agrégé de grammaire à 27 ans en 1947, il est nommé au lycée Fauriel. Il crée très vite, quatre plus tard, l’association des parents d’élèves de 6ème et 5ème A2, qui décidera, trois ans après, de se scinder en deux entités : d’une part le GLCL , groupe lycéen de Culture et Loisirs, c’est de cela qu’il sera principalement question dans ce court exposé, et d’autre part une école de parents qu’il animera jusqu’après sa retraite.

Ce n’est pas de l’enseignant de français latin que je parlerai mais c’est de l’éducateur, qui s’adresse à l’enfant et non seulement à l’élève, et l’enfant ne peut pas rester enfermé dans les murs de la classe (comme le dit Jean Auba dans un hommage de la FIEP, fédération internationale des Écoles de Parents et d’Éducateurs).

De l’enseignant je retiens le plaisir de la lecture à haute voix. Quand la leçon était terminée, Henri nous faisait lecture à haute voix de contes et légendes ou d’un roman. J’en garde un souvenir magnifique. Il a aussi fait venir en classe des comédiens de la comédie de Saint-Étienne, époque Jean Dasté, où était réalisé un travail culturel populaire remarquable. Je me souviens d’un moment de lectures de nouvelles anglaises, moment captivant et éblouissant.

Mais ce que je souhaite évoquer ce sont les camps, qui pour moi ont associé la joie de vivre en commun et celle d’apprentissages des savoir-faire élémentaires de la vie quotidienne, lieux d’investissement et de réalisation de soi.

Modèle d’organisation « scout » mais organisation moins spartiate, tentes de 12 à 14 avec lits de camps : équipes de 6 à 8, un chef d’équipe de 15/16 ans, un second de 12/14 ans, et des plus petits équipiers de 6ème et 5ème. Des chefs de tente en terminale ou en fac.

Ce sont ces aînés qui organisent avec Henri la progression pédagogique des activités durant les 15 jours, avec grands jeux de 2 jours et jeux de nuit, couchage dans les granges.

Il s’agit d’un grand éducateur qui base son action :

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Sur la confiance inconditionnelle accordée à chaque enfant, confiance inconditionnelle mais encadrée dans un espace organisé pour quelle puisse s’effectuer sans risque. Chacun est mis en position de s’expérimenter lui-même, a la possibilité de progresser, d’aller au plus loin de ses possibilités. Pierre pourra rappeler que, dès qu’il a eu le permis, Henri lui a confié la voiture du camp.

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Sur le collectif, le groupe qui est le garant de ces conditions d’expérimentation de soi, il constitue le cadre dans lequel la confiance peut s’exercer.

Cette confiance accordée par l’adulte donne la confiance en soi à l’enfant ou l’adolescent. Principe très payant qui s’exerce dans un cadre : le GLCL, groupe lycéen de Culture et Loisirs. Le camp est préparé tout au long de l’année, il y a une structure, des objectifs, un calendrier. La structure est une « organisation formatrice »

À ce point je dois dire qu’Henri Tavoillot a été un créateur, un « entrepreneur », pour utiliser une terminologie moderne, mais entrepreneur dans le domaine éducatif et associatif. Il a su créer les outils, des associations, dont il avait besoin pour mener à bien son projet éducatif, association des parents d’élèves de 6ème  et 5ème A2, quand les parents n’avaient pas de représentants institutionnalisés dans les lycées et ensuite une première « école de parents ».

D’ailleurs, dès 1945 il avait créé un groupe de recherches pédagogiques avec ses camarades agrégatifs à la fac de lettres de Lyon.

On voit par ces exemples que, tout autant qu’à l’entrepreneur et au créateur, il faut rendre hommage au novateur, au précurseur.

Henri a été attentif aux nouvelles démarches et approches. Il a été dans les premiers  à pratiquer une pédagogie non-directive qui a été développée par Carl Rogers. Basée sur le principe qu’Henri mettait en pratique : « l’être humain a la capacité latente sinon manifeste de se comprendre lui-même et de résoudre ses problèmes ».

Pour l’y aider l’éducateur doit avoir une certaine attitude et une certaine conception des relations humaines. Bien avant que ce concept ne soit en vogue comme aujourd’hui, Henri développait déjà, il y 60 ans et plus, une relation d’empathie avec ses interlocuteurs.

Pour moi, et comme pour beaucoup d’autres, Henri Tavoillot aura été un éveilleur et un conseil. Il m’a permis de découvrir au camp les fiches lecture de Peuple et Culture : c’était un découpage d’un livre qui en permettait une lecture en trois quarts d’heure environ, lecture qui ouvrait la possibilité d’un débat. Si bien qu’il m’a incité à suivre un stage d’une méthode d’analyse de problème et de prise de décision de cette association. Ce que j’ai fait, quand j’étais étudiant en1967, j’y ai rencontré des formateurs d’adultes de grande qualité et j’ai travaillé par la suite comme formateur moi-même dans cette association. Auparavant, Henri m’avait invité à me former à la psychosociologie des groupes à l’IFEPP, ce qui avait complété mes compétences en formation d’adultes …

Cette ouverture vers des méthodes pédagogiques, alors nouvelles, a profondément infléchi mon parcours professionnel.

L’idée principale que je retiens de la pratique de Henri est que toute éducation doit être une éducation à la relation, à la relation « personnalisante » par opposition à celle qui pourrait être « objectisante » ou « aliénante ».Henri le rappelle dans son ouvrage sur l’éducation sexuelle. Pour moi c’est cette relation qui permet la rencontre, et ce sont les rencontres qui nous permettent de grandir.

Henri a contribué à ce que nous soyons aptes à participer à « la rencontre des hommes » (du titre de ce beau récit de Bégnigno Cacérès que j’aime à citer)

Cette prise de parole est un acte de reconnaissance et de remerciement à une personne qui a donné du temps, de l’intelligence, de l’affection, de la réalisation concrète en s’adressant à la « personne » de ses élèves. C’est ce qui en fait un grand et véritable éducateur.

La préface du docteur André Berge de l’ouvrage d’Henri se termine par « ce livre consacré à un âge de la vie, mais orienté vers les âges suivants justifie bien le titre de cette collection, « l’enfant et l’avenir ».

Cela nous donne une belle transition de l’histoire familiale et pour la conférence de Pierre-Henri.   

 

Paul Fayolle

 

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