| |
soirée du mercredi 15 décembre 2004
accueil des élèves qui ont intégré une école parisienne en 2004
et
dîner-rencontre avec notre camarade Jean-Paul VÉZIANT,
ancien Ambassadeur de France au Cameroun
« L’ambassadeur et ses métiers : d’une diplomatie de
rayonnement à une diplomatie d’influence »
« L’ AMBASSADEUR ET SES MÉTIERS. »
C’est « au Grenadier » que la « vieille garde » parisienne du Lycée Fauriel
accueillait, en grand nombre, les jeunes Stéphanois entrés récemment dans les
« Grandes Écoles ».
Jean Tardy – de sa voix chaleureuse et pleine d’humour – donna des
nouvelles de la « Grand Ville » (Saint-Étienne) et présenta le programme
alléchant des activités prévues par le Bureau du Groupe de Paris pour 2005.
Plaisir des retrouvailles, des conversations, des agapes, mais plaisir bien
supérieur encore : l’ « après repas ».
En
vedette américaine, Christian Juin, dans « Le chant du marais », nous
rappela de sa voix prenante la nécessité vitale de « piocher » durement, mais
« d’aimer sans cesse » quand même.
Est-ce si loin du remarquable exposé de Jean-Paul Véziant, invité
d’honneur, récemment encore Ambassadeur de France au Cameroun ?
Qu’est-ce qu’un ambassadeur ? Quel est son rôle ? Comment entre-t-on dans la
carrière diplomatique ?
Concours linguistique, diplôme de Sciences Po, concours général de l’ENA, les
voies sont multiples.
Rédacteur douze ou quinze ans, on entre enfin en poste – petit, moyen ou grand –
selon la distinction.
Jean-Paul Véziant, incontestablement, se sent bien dans les multiples
métiers d’un ambassadeur. Celui-ci, diplomate, négociateur, accrédité à la fois
par le Président de la République et le Gouvernement français, a, de ce fait,
autorité sur tous les Chefs de Service pour négocier avec les partenaires
étrangers dans le pays où il se trouve.
Sa mission est aussi d’informer le quai d’Orsay de l’évolution sociale,
économique, politique du pays où il se trouve. L’accès à l’information peut être
facile ou très difficile, selon les pays.
L’ambassadeur doit défendre et illustrer les positions de la France, expliquer
sans cesse sans se poser en modèle, être à l’écoute des autres.
Si besoin est, il défend ses agents auprès de Paris. Parfois prospecteur pour
des entreprises, sa connaissance de la population est précieuse. On le dit même
« Père du Régiment ».
Si les Consuls sont en charge de la communauté française, en cas de difficulté
on peut toujours aller voir l’ambassadeur.
Hôtelier à ses heures, il assure la « représentation » de la France. Bien sûr,
il existe un intendant, mais on ne dira jamais assez le rôle des épouses
d’ambassadeurs lors des réceptions.
Très entouré, l’ambassadeur est pourtant un homme seul, obligatoirement
au-dessus de la mêlée. Seul aussi car il ne sait ni le jour ni l’heure de son
rappel en France : son siège est éjectable.
Ce
récit, agrémenté d’anecdotes savoureuses, nous a permis, auditeurs attentifs et
ravis, de sillonner le monde, de Tachkent, en Turquie, à Chypre … en Europe, ou
en Afrique, avec des clins d’œil vers la Chine, l’Inde ou l’Amérique du sud.
Voyage aussi au cœur de l’attitude forte, de patience et d’écoute, d’un homme
de courage, toujours en posture de dialogue, d’élaboration d’idées, mais sachant
« tenir une conduite » et s’y tenir.
Nombreuses furent les questions posées et les réponses données :
- Nous
apprenons que d’autres pays ont des préparations linguistiques fortes. Elles
nous manquent parfois.
- Peu
de femmes sont ambassadrices … encore
- Un
ambassadeur doit être « soi-même ». Il n’est pas simplement le répétiteur du
gouvernement. « Nous sommes considérés dans la mesure où nous prenons la peine
d’écouter les autres » dit-il.
- …….
Écoute, droit, attention – voilà les maîtres mots. La lecture d’une lettre d’un
collègue nous montre combien ce métier éprouve parfois durement nos
représentants à l’étranger.
Merci à Jean Tardy d’avoir organisé cette soirée passionnante et chaleureuse, à
Christian Juin de l’avoir animée et à Jean-Paul Véziant de nous avoir faire
goûter cet « art d’agréer » qui s’ajoute si bien à l’ « art de convaincre ».
Bravo, Monsieur l’Ambassadeur !
Suzanne Zarembovitch
Jean-Paul VÉZIANT
est un ancien de Fauriel. Agrégé de russe,
il a ensuite suivi de 1975 à 1977 les cours de l'École Nationale
d'Administration (promotion André Malraux).
Devenu diplomate, Jean-Paul VÉZIANT a occupé divers postes tant à
l'administration centrale qu'à l'étranger.
De son métier, Jean-Paul VÉZIANT nous dit:
«
L’ambassadeur est d’abord diplomate, médiateur et
négociateur, chargé d’informer Paris autant que de défendre et illustrer
des positions de la France. On ne le sait pas assez, le chef de poste
diplomatique est aussi (ou essaie d’être) communicant et homme de discours
(décorations, inaugurations), patron de PME (la chancellerie et les
services de l’état à l’étranger), VRP/prospecteur (en accompagnement des
entreprises françaises), Père du Régiment (pour la communauté française).
L’Ambassadeur est tout autant hôtelier/restaurateur : le mot gargotier
n’appartient pas à notre vocabulaire. Certains comparent même
l’ambassadeur à un pilote, car il est sur un siège éjectable.
Toutes les facettes du métier ne brillent pas d’un égal éclat, mais la
pierre est belle quand, avec modestie, le représentant de la France sait,
tour à tour, les faire toutes miroiter »
|
|