Groupe de Paris des Anciens Élèves du Lycée Claude-Fauriel de Saint-Étienne

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soirée du mercredi 7 décembre 2005
accueil des élèves qui ont intégré une école parisienne en 2005 
et dîner-rencontre sur le thème « Pour ou contre les OGM »
   

le compte-rendu de Georges RAMBEAUD    les photos de la soirée

compte-rendu de la soirée

Un nouveau dîner-rencontre a réuni le Groupe de Paris de l’ « A » le 7 décembre 2005 sur le thème très actuel des OGM. (Organismes Génétiquement Modifiés). Notre Président, Jean TARDY, nous présenta les invités d’honneur de la soirée, deux scientifiques de haut niveau, spécialistes des OGM., engagés dans l’action :

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Gilles THÉVENET, Directeur scientifique d’ARVALIS - Institut du Végétal- et membre de l’Académie d’Agriculture de France. Ingénieur agronome INA/Paris, il a eu et a toujours de nombreuses responsabilités à hauts niveaux dans divers Instituts, Comités et Forums, dans le domaine des cultures. Il a publié plus de 16 articles.

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Laurent GUERREIRO, Responsable génomique végétale chez ARVALIS. Il est titulaire d’une licence de biologie et d’une maîtrise de biologie, avant un DESS en protection et valorisation du végétal.

Il convient de préciser qu’ARVALIS, organisme de service appliqué, voué à l’aide aux organisations professionnelles agricoles, est totalement indépendant des sociétés produisant et commercialisant des OGM.

En préalable Gilles THÉVENET a tenu à dire combien le sujet est aujourd’hui déformé et exagérément médiatisé. Présenté par certains d’une manière irrationnelle et superficielle, il s’ensuit une psychose de peur injustifiée. Il faut savoir qu’en mangeant des protéines végétales ou animales, « on mange des gènes » et ceci depuis l’origine de la vie sur terre. Or, par nature, les gènes sont instables, ils ont tendance à se déplacer, à changer de chromosomes, de cellules, voire d’espèces. Ceci explique qu’aujourd’hui 99% des espèces ayant existé sur notre planète ont disparu et ont été remplacées par d’autres espèces génétiquement recomposées. Les OGM. ne sont donc pas nouveaux. Ce qui l’est, c’est que l’homme peut suppléer la nature grâce à ses connaissances, sous réserve de le faire avec maîtrise. Ce qui est le propre des scientifiques.

Un premier constat s’impose : si le biologiste constate l’existence d’espèces différentes, le généticien trouve dans toutes ces espèces une même répartition des gènes, un code génétique universel, qui efface toute notion de spécificité. Il n’est pas exagéré de dire de ce point de vue que l’homme est un animal génétiquement semblable aux autres. Il n’en diffère que par la dignité.
La matérialité du code génétique est représentée par une double hélice d’ADN. L’ensemble des acides aminés est à l’origine de la synthèse des protéines, et donc des gènes.

La cartographie des gènes disposés sur les chromosomes, dans un ordre et à des distances obéissant à des règles rigoureuses (supracode), est de mieux en mieux connue pour beaucoup d’essences végétales et animales. Dès lors, l’essentiel est de déterminer les fonctions des gènes. C’est une tâche importante et délicate :

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importante par la finalité : leur fonction est à la base du choix qu’opérera le généticien,

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importante du fait de la dimension du génome : pour l’homme, 3 milliards de paires de base et 33.000 gènes,

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délicate, car les fonctions des gènes s’expriment différemment suivant l’organe concerné.

La connaissance avance en ce domaine, en procédant à l’identification de gènes de plus en plus nombreux. C’est le domaine d’une science spécifique, la génomique, qui utilise des techniques de biotechnologie.
À partir du moment où l’on a identifié des gènes, repéré leur positionnement sur les chromosomes (cartographie) et décrypté leurs fonctions, on perçoit l’intérêt de « transporter » un gène d’une plante A, présentant une fonction intéressante, à une plante B d’espèce différente : c’est la transgénèse, mise en œuvre dès 1983 sur le tabac, en1994 sur la tomate et en 199è sur le maïs, ainsi doté d’un gène de résistance à la pyrale : c’est le maïs Bt, qui a fait l’objet en France d’une autorisation de culture.

La transgénèse procède, en laboratoire, d’étapes successives. Le gène convoité est d’abord isolé par sectionnement de l’ADN, marqué pour ne pas le perdre, puis intégré dans une construction génétique dont la multiplication est confiée à une bactérie. Le transfert d’une cellule de la plante A à une cellule de la plante B est effectué par une bactérie spécialisée (agrobactérium) qui dépose la construction génétique sur la structure chromosomique B. Après sélection des cellules transgéniques ainsi obtenues, le gène dont l’expression peut être modifiée par son nouveau support, fait l’objet d’une évaluation avant incorporation dans la plante B qui devient ainsi un OGM.
Après cette procédure in vitro, on passe au stade de l’expérimentation et de l’observation comportementale en plein champ, qui s’exercent en trois temps :

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d’abord sur les critères agronomiques de résistance aux insectes, aux maladies, aux herbicides,

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ensuite sur les qualités nutritionnelles,

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enfin sur la sécurité culturale et alimentaire.

C’est malheureusement à ce stade que s’exercent les actions destructrices des commandos anti-OGM, comportement qualifié d’obscurantisme par nos scientifiques, dont l’effet est de bloquer la recherche française alors que celle d’autres pays, avec lesquels nous sommes en compétition, progresse.
Or c’est justement cette étude in vivo qui permet d’expertiser l’existence de risques – notamment alimentaires et environnementaux – et, le cas échéant, de les éliminer. Il faut aussi savoir qu’aucun OGM ne peut être mis sur le marché sans une homologation officielle, qui procède d’une évaluation stricte, très encadrée, confiée à des organismes composés de personnalités éminentes, indépendants des structures commerciales :

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Le Comité du Génie Génétique (C.G.G.), chargé de l’évaluation des risques génétiques,

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Le Comité du Génie Biomoléculaire (C.G.B.), qui examine toutes les évaluations effectuées sur l’impact pour l’homme et l’environnement, le niveau de recherche effectuée, le développement et la mise sur le marché,

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Le Comité de Biovigilance, qui assure le suivi des cultures et de la situation environnementale.

Bien sûr, le risque zéro n’existe pas plus en ce domaine qu’en d’autres, mais la sécurité est assurée d’une manière qui ne devrait pas donner lieu à débat, encore moins à la violence. Et d’ailleurs les OGM ne sont pas nouveaux, ce sont les procédures d’obtention qui le sont. Citons à cet égard Jean-François Revel et Claude Allègre : « L’homme connaît les OGM depuis qu’il crée des hybrides, c’est-à-dire depuis le Néolithique ».
Quant aux procédures nouvelles, elles n’ont engendré aucun incident scientifiquement prouvé. Nul doute qu’elles évolueront encore avec les avancées de la science, des avancées permanentes : une équipe américaine ne vient-elle pas tout récemment de réaliser l’impensable en contraignant des bactéries génétiquement modifiées à agir selon une logique purement informatique, donnant ainsi naissance à la biologie synthétique ? Serait-elle applicable à la transgénèse pour « discipliner » les bactéries qu’elle utilise ? L’intérêt serait, aussi, de calmer un sujet de psychose des anti-OGM

Les exposés de MM. Gilles THÉVENET et Laurent GUERRIRO se sont achevés sur des considérations économiques. Dans l’extension mondiale des OGM, les USA ont pris le pas sur tous les autres pays, mais en Europe, une forte extension est constatée en Espagne et en Roumanie, alors que la France marque le pas. Dans les pays en développement, la progression est constante.

La production des OGM présente des avantages importants :

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au plan économique : rendements plus élevés et plus réguliers (maïs + 25%), façons culturales simplifiées, donc moins coûteuses,

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et aussi au plan environnemental : moins de produits chimiques (pesticides, herbicides), économie d’énergie grâce aux façons culturales plus légères (moins de CO2), maîtrise du parasitisme.

Le retard de la France aura donc des conséquences sur l’économie agricole en même temps qu’elle affaiblit ses positions à l’OMC, lors des négociations sur la libéralisation des échanges. Il crée des situations ubuesques : notre pays bride sa production d’OGM et en importe massivement, pesant ainsi dans le mauvais sens sur la balance des échanges commerciaux.

De nombreuses questions ont été posées à nos invités, qui témoignent de l’intérêt qu’ils ont suscité. Elles ont permis d’élargir le champ de réflexion. 

Jean TARDY, en les remerciant, souligna la qualité et la précision de leurs exposés, qui ont permis de débattre au bon niveau scientifique, dans un climat de sérénité et de courtoisie exemplaire. Il remercia également Alain TIRARD auquel, bien qu’absent en raison d’un voyage à l’étranger, nous avons dû cette soirée.

Georges RAMBEAUD

photos

Les photos seront bientôt en ligne