soirée du jeudi 11 octobre 2007
dîner-rencontre avec Pierre BEUZIT
« Quel est l'avenir de l'automobile ? »
compte-rendu de la soirée
En cette année 2007, le Groupe
de Paris des anciens élèves du Lycée Claude Fauriel est décidément très
studieux ! Après s'être penché sur « l'évolution des écoles d'ingénieurs »
ou encore sur « l'éthique médicale », il s'est intéressé ce jeudi 11
octobre à « l'avenir de l'automobile » ! Cette soif de savoir lui a
permis de rencontrer d'éminents spécialistes toujours didactiques et très
passionnants !
Ce soir là, donc, dans
l'ambiance chaleureuse du FIAP Jean Monnet (Paris 14ème), Jean TARDY
a accueilli son invité Pierre BEUZIT, ingénieur de l'École Centrale de
Lyon (1966) et Docteur d'État en Sciences Physiques (1971), encore récemment
Directeur de la Recherche du Groupe Renault.
Ce dîner rencontre avait été
ouvert aux membres franciliens du Club des Ambassadeurs de Saint-Étienne.
Deux d'entre eux nous firent l'amitié de leur présence.
Résumé de la Conférence
L'industrie mondiale de
l'automobile est en pleine mutation. Un signe visible de cette mutation
est le renouvellement, dans les deux dernières années, de toutes les équipes
dirigeantes des grandes firmes automobiles avec des PDG beaucoup plus jeunes,
très tournés vers le changement, la rapidité et les stratégies mondiales. Le
« business model » issu du début du vingtième siècle avec Frederick TAYLOR et
Henry FORD et reposant sur une fabrication à la chaîne, synonyme de production
en grande série, ne répond plus à la situation actuelle.
Les grands défis
Une entreprise ne peut survivre
que si elle se développe. Or le marché occidental de l'automobile a un
développement faible et risque de se cantonner quantitativement dans le simple
renouvellement. De plus, après un siècle d'un « marché de l'offre », on est
passé en dix ans à un « marché de la demande » où le client affirme ses
critères. L'industrie automobile est contrainte de se diversifier et de
multiplier ses modèles.
Par ailleurs l'ouverture vers
les pays émergents est freinée car les modèles proposés sont trop
compliqués. Facteur aggravant, l'industrie automobile reste très centralisée :
les bureaux d'études sont encore dans les pays d'origine, ce qui ne facilite pas
la compréhension des besoins, et sa capacité à fabriquer reste faible dans les
pays émergents.
Autre déstabilisation, les
phénomènes sociétaux s'exprimant surtout sur trois thèmes :
·
Énergie /
Environnement : pétrole cher, pollution, climat
·
Sécurité routière
·
Mobilité urbaine
Il convient de réagir assez
rapidement, car le client n'attend guère : l'automobile est un objet de passion
et l'achat est irrationnel.
Les réponses aux défis
sociétaux
Énergie / Environnement
L'optimisation du rendement énergétique des voitures pour réduire le gaspillage
d'énergie
- Actuellement de l'ordre
de 15% pour une voiture vide, ce rendement est mauvais ; un gros investissement
de l'industrie automobile est à prévoir en ce domaine.
- Le poids des véhicules
est à réduire, mais, à cause de la recherche du confort, de la sécurité et des
performances, ce poids s'accroît en moyenne actuellement de 15 kg/an! ! Il
faudra intégrer les éléments et recourir aux matériaux composites.
Les biocarburants
Ils fonctionnent avec des
moteurs à combustion interne et leur rendement énergétique reste limité, du même
ordre que celui des carburants pétroliers.
- Les biocarburants de première
génération sont : l'éthanol (alcool) à base de betterave et céréales, et le
bio-diesel à base de graine de colza, présents déjà aujourd'hui dans
respectivement l'essence et le gazole. Leur prix est sensible aux cours des
céréales.
- Les biocarburants de deuxième
génération, ou carburant de synthèse, utiliseront toute la plante et toutes les
plantes. Ils pourraient couvrir 30% des besoins.
L'électricité
Le véhicule du futur sera
vraisemblablement tout électrique, sans batterie (trop lourde), donc équipé
d'une pile à combustible, alimentée en hydrogène (obtenu par électrolyse de
l'eau). Le résultat de l'opération sera de l'eau (recombinaison de l'hydrogène
avec l'oxygène). Il y aura des moteurs électriques dans les roues. Le moteur à
combustion interne disparaîtra, ainsi que les émissions polluantes et celles de
gaz à effet de serre.
Sécurité
·
Le passage de la
sécurité passive (type airbag) à la sécurité active (éviter l'accident) :
- Détection des obstacles (fixes
ou mobiles) et détection des trajectoires, pouvant recourir au « dialogue »
voiture - voiture
- Alerte du conducteur, et, si
celui-ci reste passif, réaction automatique.
Mobilité urbaine
·
Le renseignement
en temps réel sur les temps de parcours pour atteindre un but, le conseil en
temps réel sur les itinéraires optimaux compte tenu des bouchons
·
Les voitures
spécifiquement urbaines, éventuellement à louer comme un « Vélib »
En conclusion, la voiture du
futur sera propre, sûre, communicante avec l'extérieur.
Elle sera « technosophistiquée » mais également très simple (forte intégration)
: nouveaux matériaux légers à fortes propriétés mécaniques, microélectronique
procurant la puissance de calcul, micro-systèmes mécaniques favorisant l'aéro et
l'hydrodynamisme, moteur électrique. Elle sera dotée de moyens d'auto-diagnostic,
voire d'auto-réparation. Son allure future sera vraisemblablement très
différente, en raison de l'absence de moteur à combustion interne, de la
direction électrique (un « volant » mobile sans axe ?), d'un espace de vie
intérieur privilégié.
Cet exposé passionnant suscita
de nombreuses questions d'un auditoire devenu, au fil des minutes, friand de
technologie et interrogatif sur l'avenir des constructeurs. Les plus curieux
pourront se reporter à l'ouvrage de Pierre BEUZIT, « Hydrogène, l’avenir de
la voiture ? » (Éditions l'Archipel), en librairie à partir du 24
octobre 2007.
Dans le fil de la soirée, Jean
TARDY nous rappela que notre prochain dîner-rencontre aura lieu avec Louis
LAFORGE, brillant journaliste ligérien à France 3, sur le thème : « Information
et télévision ».
Pierre FAYOLLE
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Jean TARDY
Pierre BEUZIT |
Une assistance attentive |
Pierre BEUZIT |
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