Groupe de Paris des Anciens Élèves du Lycée Claude-Fauriel de Saint-Étienne

le compte-rendu          les photos de la visite

compte-rendu de la visite

Ce 28 novembre 2009 au matin, 63 « Stéphanois » de Paris se sont retrouvés sur le parvis de Notre-Dame. Un très beau score d’affluence justifié par une double affiche :

·       Redécouvrir Notre-Dame de façon insolite,

·       Rencontrer Mgr Jean-Yves RIOCREUX, enfant de Marlhes (42), puis collégien à Saint-Étienne, devenu, après un parcours exceptionnel, Recteur de Notre-Dame de Paris de 2001 à 2003, et actuellement Évêque de Pontoise (Val d’Oise).

Au cours de cette demi-journée nous avons été portés par la chaleur, l’humour et l’enthousiasme de notre invité.

1. - La visite de Notre Dame

Il nous accueille, avec trois guides bénévoles de l’association CASA. Notre hôte nous fait débuter la visite hors des sentiers battus : il nous reçoit dans les jardins privés du presbytère, généralement non ouverts au public. Ceci nous permet de découvrir de près la façade sud de Notre-Dame, avec sa célèbre rosace, ainsi que le portail Saint-Étienne. Au cours de cette introduction, il nous sensibilise également à l’histoire extrêmement riche de Notre-Dame, dont la construction débuta en 1163. La cathédrale fut le siège, à toutes les époques, de grands évènements religieux et politiques. Elle fut également victime de nombreuses destructions ou de pertes d’objets d’art, notamment à la Révolution, et connut même une période de fermeture (de 1796 à 1802). Mais elle fut aussi l’objet d’évolutions architecturales constantes, et de grandes rénovations, principalement à partir de 1844 avec Viollet-le-Duc, puis avec le baron Haussmann qui restructura l’Île de la Cité, et plus récemment depuis 1991 d’une rénovation extérieure très réussie. Bref un lieu exceptionnel de convergence des émotions françaises. Enfin il nous livre un aspect insolite de son rôle de recteur : l’accueil de quelques chefs d’état et de leur famille en visite privée !

Après ce dynamique préambule, trois groupes se forment sur le parvis et découvrent la façade principale, avec ses trois portails, la « galerie des rois » qui les surplombe, la rosace et les tours, tous magnifiquement rénovés ces dernières années. Chaque statue, chaque motif, chaque symétrie développe une symbolique impossible à comprendre sans l’érudition des guides. Ces statues et gravures avaient jadis pour mission de « composer une bible de pierre » pour le peuple qui ne savait pas lire !

Dès l’entrée dans la nef, nous admirons la hauteur (33 m), les vitraux et leur dentelle de pierres, les chapelles latérales et leurs tableaux. Nous sommes frappés d’apprendre que l’intérieur de cet édifice a sans cesse évolué au cours de l’histoire, comme en témoigne le chœur profondément remanié sous Louis XIV, pour respecter le « vœu de Louis XIII » entrainant notamment la démolition d’un jubé et de la clôture du chœur, puis à nouveau remanié lors de la restauration du XIX^e siècle, par Viollet-le-Duc désirant en revenir au style essentiellement gothique de l’édifice.

Mais le plus étonnant finalement est la foule très dense et très cosmopolite qui se presse sans cesse sur le parvis et à l’intérieur : l’estimation est de 40 000 visiteurs par jour ! « Il se dit que Notre-Dame est une autoroute pour visiteurs !» nous confiera avec humour Mgr RIOCREUX, concluant la visite.

2. - Le déjeuner-rencontre avec Mgr RIOCREUX

À midi, notre groupe traverse la Seine vers le Quartier Latin et gagne le restaurant Le Navigator, rue Galande, dont le premier étage nous est réservé.

Notre Président Jean TARDY a judicieusement placé à la table d’honneur, aux cotés de Mgr RIOCREUX, quelques connaissances de celui-ci : le célèbre dessinateur PIEM, Charles OFFREY, doyen de notre Groupe (entré dans sa centième année !), ancien dirigeant de la Compagnie Générale Maritime (CGM), …notre amie Suzanne ZAREMBOWITCH, ancienne paroissienne de Mgr RIOCREUX lorsqu’il était curé dans le 17^ème arrondissement de Paris,

Dans son allocution de fin de repas, Mgr RIOCREUX évoque tout d’abord l’étonnant vivier de vocations religieuses qu’est Marlhes :

·       Saint Marcellin CHAMPAGNAT né en 1789 à Marlhes, fondateur des « Frères Maristes des Écoles », béatifié en 1955, puis canonisé en 1999.

·        Louis RIOCREUX, missionnaire mort en 1859 en Sierra Leone.

·        … et trois évêques outre lui-même :

o   Jean-Baptiste EPALLE, mort en 1845 dans les Îles Salomon.

o   Jean-Baptiste CHAUSSE, premier évêque de Lagos et Porto-Novo

o   Jean-Baptiste BRUNON, évêque de Tulle, mort en 1997, oncle de Mgr Jean-Yves RIOCREUX.

Puis il retrace son propre parcours, pour le plus grand plaisir des auditeurs :

·        Né en 1946, à Marlhes, fils d’un négociant en bois, le plus jeune d'une famille de sept.

·        Scolarité à l'école primaire des frères maristes Marcellin-Champagnat à Marlhes, puis au collège de Valbenoîte (frères maristes) à Saint-Étienne.

·        « Mais la ville m’était pesante ! » : il part faire des études forestières à Meymac (Corrèze), puis à Saint-Germain-en-Laye (Yvelines). Il devient technicien supérieur forestier.

·        Un pèlerinage étudiant à Chartres contribue à lui faire découvrir sa vocation religieuse.

·        Il effectue son service national comme coopérant en Nouvelle-Calédonie de 1967 à 1969.

·        Il entre en 1969 au séminaire à Issy-les-Moulineaux, où il fait son premier cycle.

·        Conseillé par son oncle, Mgr BRUNON, il poursuit sa formation en second cycle au séminaire de Baltimore (USA). Il devient titulaire d'une maîtrise de théologie. Il est ordonné diacre à Washington en mars 1974.

·       Bref retour en France pour être ordonné prêtre à Marlhes en juin 1974 (en même temps que son cousin Bernard MORELLON qui a exercé depuis ses ministères à Firminy et en région stéphanoise)

·       Puis départ pour la Nouvelle-Calédonie où il va rester pendant 12 ans, dont 7 ans en tant que curé de la cathédrale de Nouméa ! Dans cette période 1974 – 1986, il vit sur place la première crise néo-calédonienne.

·       En 1987, retour sur Paris avec de nombreuses responsabilités en paroisses, au niveau du diocèse, mais aussi auprès des étudiants, des océaniens de Paris, des catéchumènes, …

·        « Je ne pensais pas venir à Notre-Dame ! » … et pourtant la proposition lui en est faite, et il prend aussitôt conseil auprès de son accompagnateur spirituel !

·        « À Notre-Dame, votre ordinaire c’est l’extraordinaire ! ». En effet ce n’est pas banal d’accueillir le Premier Ministre du Canada ou l’épouse du Président de la Chine !

·        En mai 2003, c’est la nomination comme Évêque de Pontoise. Quatrième évêque dans l’histoire de ce diocèse assez récent, il est, de ce fait, « évêque de Roissy » où 80 000 personnes travaillent et où existent trois chapelles. Le département du Val d’Oise compte plus d’un million d’habitants, et seulement 130 prêtres, dont un prêtre venant du Kazakhstan.

·        « Je suis sans le vouloir à un carrefour ». La diversité extrême du Val d’Oise et la fonction d’évêque le poussent à tisser des liens dans toutes les directions et à rechercher sans relâche les facteurs d’apaisement. Quelques exemples :

o   Décembre 2007 : quelques semaines après les émeutes urbaines du 27 novembre 2007 qui ont secoué Villiers-le-Bel, il est allé célébrer la messe de Noël dans cette commune dans un esprit de paix.

o   Septembre 2008 : pour le domaine interreligieux, il a participé à une émission de Nicolas Poincaré sur RTL, à la veille de l’arrivée controversée de Benoit XVI en France, avec le Grand Rabbin Joseph Sitruk et le recteur de la Grande Mosquée Dalil Boubakeur, pour prôner l’apaisement, en dépit des tendances médiatiques très friandes des oppositions entre personnes.

o   Novembre 2009 : pour l’œcuménisme, avec les chrétiens orthodoxes, il a reçu l'archevêque Hilarion du patriarcat de Moscou en visite à Auvers-sur-Oise. C’était une visite d’amitié et une découverte culturelle du lieu où Vincent Van Gogh a passé ses derniers jours. Dans l'église Notre-Dame d'Auvers, Mgr Hilarion a joué sur les orgues deux chorales de Bach !

… N’oublions pas qu’au sein de la Conférence des évêques de France, il est membre du Conseil pour les relations interreligieuses et les nouveaux courants religieux.

Comme il doit impérativement nous quitter pour participer à une célébration dans son diocèse, le temps des questions est donc écourté.  

Avant de terminer, Mgr RIOCREUX tient à évoquer le sort des Chaldéens en France. Beaucoup ont fui leur pays, la Turquie et l'Irak notamment, à la suite des massacres, guerres et persécutions dont sont victimes ces chrétiens. Les Chaldéens sont environ 18 000 en France, dont 10 000 en région parisienne. Ils disposent à Sarcelles, dans le Val d’Oise, depuis février 2004, de leur église dédiée à saint Thomas l'Apôtre.

Le Président Jean TARDY remercie chaleureusement notre invité pour le temps qu’il nous a consacré, en lui disant : « Vous êtes un remarquable conteur et un communicant extraordinaire. Nous serons tous heureux de vous revoir à Pontoise, à votre invitation ». 

Après le départ de Mgr RIOCREUX, Jean TARDY nous informe qu’après plus de 20 ans de bons et loyaux services, il a jugé qu’il était temps de se retirer. Au cours de la dernière réunion de Bureau, Christian VOLLE a été élu nouveau Président, avec effet au 1^er janvier 2010. Après avoir rendu hommage à l’action de son prédécesseur, Christian VOLLE indique que, sur sa proposition, Jean TARDY a été nommé Président d’honneur du Groupe de Paris, dont il reste membre du Bureau.

Pierre FAYOLLE

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