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soirée du mardi 13 mars 2007
dîner-rencontre au Sénat avec Robert GERMINET
  « Les écoles d'ingénieurs : des écoles à réinventer »

le compte-rendu   les photos de la soirée

compte-rendu de la soirée

Une grande École de niveau international :
l’École Nationale Supérieure des Mines de Saint-Étienne (ENSMSE)

« Les écoles d’ingénieurs : des écoles à réinventer », c’est par cette formule que le Président Jean Tardy présenta le thème de la soirée organisée autour de Robert GERMINET, Directeur de l’École Nationale Supérieure des Mines de Saint-Étienne (ENSMSE).

Robert Germinet était certainement le mieux placé pour traiter de cette problématique, lui qui, au début des années 90, avait été chargé de créer l’École Nationale Supérieure des Mines de Nantes, novatrice par les structures et les concepts de formation et qui, depuis 4 années, poursuivant cette démarche à l’ENSMSE, a fait progresser son développement et sa notoriété.

Son exposé a porté essentiellement d’abord sur la situation actuelle de l’École, puis sur les lignes directrices principales des concepts pédagogiques et organisationnels.

La situation actuelle : L’ENSMSE est, en France, la doyenne des Écoles des Mines, née de la présence d’un gisement houiller aujourd’hui épuisé. Il est donc naturel de s’interroger sur sa situation actuelle.
En fait, à partir d’un passé prestigieux, l’École a su prendre la mesure du temps et s’engager dans la voie de la modernité. D’une façon générale, la notoriété d’une école est mesurée par deux critères d’appréciation : le nombre des candidats et la moyenne des salaires offerts par les entreprises aux jeunes diplômés, en fonction de leur niveau et de leur adaptation au métier. Sur chacun d’eux, l’ENSMSE se situe dans le peloton de tête des écoles d’ingénieurs. Le nombre des étudiants qui la choisissent est en progression constante et, si l’on se réfère à l’enquête annuelle de l’INSEE (salaires à 3 ans) qui porte sur les 252 écoles d’ingénieurs en France, l’ENSMSE figurait en 9ème position il y a 4 ans, en 5ème actuellement. Ces résultats se passent de commentaires.

Le développement de l’École s’opère à 3 niveaux géographiques :

- à Saint-Etienne, elle est à l’origine :

  * d’un Centre historique des matériaux.
  * d’un Centre d’ingénierie santé (conception, étude globale de projets industriels sous  tous leurs aspects) et coordination des études particulières confiées à des spécialistes.

Et elle dépose en moyenne 5 brevets par an.

 - en France, elle a mis en place :

  * un Centre de Recherche de Microélectronique, investissement de 71 M€ pris en charge par l’Etat et les Collectivités Locales pour les infrastructures, et de 9,3 M€ de matériels payés par les industriels.Situé à Aix-en-Provence, au cœur d’une région qui regroupe 40% de la production nationale, l’activité du centre s’exerce en 3 domaines : microélectronique sur support souple, microélectronique du corps humain, normes de sécurité.

  - dans le monde, elle a conclu :

  * 57 accords internationaux de collaboration.
  * 12 accords pour les stages des élèves,

       et a créé des plateformes de formation à l’étranger :

  *

au Brésil, formation de 42 élèves pour la première année, payée par les participants,

  * en Chine, à Changhaï, formation sur la sécurité en microélectronique.

 

Deux données illustrent la vitalité et l’appréciation de l’École :

  * Budget financé à hauteur de 60% sur ressources propres et 40% par l’État.
  * Placement des élèves réalisé avant la fin des études pour 71% d’entre eux et 29% dans les deux mois qui suivent.

Les grands principes de l’évolution des écoles d’ingénieurs mis en application à l’ENSMSE..

Ils découlent d’observations très concrètes sur les acteurs en présence : l’ingénieur, le chef d’entreprise, ainsi que sur les changements du contexte économique auxquels ils doivent s’adapter en permanence.

 

Et deux remarques fondamentales s’imposent :

  * Être ingénieur, c’est être capable d’exercer un métier, ce n’est pas un niveau social.
  * Les chefs d’entreprise savent critiquer les formations, mais il leur est difficile d’exprimer ce qui est nécessaire pour une meilleure adéquation de la formation aux métiers.

 

Les voies et moyens de l’évolution des écoles doivent s’inspirer de ces constats. On peut les résumer en quatre points :

1-    Les ingénieurs sont de plus en plus instruits, mais de moins en moins créatifs.

La solution réside dans un changement pédagogique et organisationnel de la formation qui, au lieu de se polariser sur l’accumulation des connaissances, doit viser « à rendre l’ingénieur ingénieux », c’est-à-dire par des mises en situation concrètes, éveiller en lui sa réactivité, sa créativité, son esprit d’initiative.

« Aujourd’hui, l’ingénieur doit être capable de préparer la réponse à une question qui n’est pas encore posée ».

 

2- Les ingénieurs n’aiment pas l’industrie. Il faut donc leur apprendre l’entreprise et leur faire comprendre qu’une entreprise, c’est d’abord des hommes.

Comment ? Par des « stages ouvriers », bonne introduction aux sciences humaines et sociales qui occupent pour cela 30% des cours.

 

3- Il faut tirer toutes les conséquences de la mondialisation, une mondialisation qui est un fait incontournable. A cette fin, la formation doit être repensée, réorganisée :

  * en ajoutant des langues étrangères pour effacer les barrières linguistiques et sociétales, et comprendre des modes de penser différents.
  * en effectuant des stages à l’étranger, en milieu de travail et en situation de responsabilité
  * en organisant une co-traitance de la formation afin que sur un sujet plusieurs des parties qui le composent soient apprises dans différents pays, évidemment choisis parmi les meilleurs.
  * en inculquant une certaine modestie au futur ingénieur en lui faisant connaître qu’il y a d’autres approches des problèmes et d’autres façons de travailler qui doivent être comprises et respectées.
  * en mettant en place des cursus de formation permettant aux élèves d’être diplômés non pas par une seule école mais par un réseau d’écoles de nationalités différentes.

À l’ENSMSE, le double diplôme, dont un acquis à l’étranger, est un minimum exigé  (2 ans à l’École et 2 ans à l’étranger).

 

4- La formation doit être « une formation continuée » débouchant sur « la vie des

entreprises».

C’est ainsi que l’École a ouvert un master « création des entreprises » et conclut des contrats de recherche et développement avec les PME/PMI, sur financements professionnels, lorsque le temps de retour sur investissement est inférieur à 5 ans, sur financements publics s’il s’agit de recherche fondamentale.

 

*

 *                            *

 

Robert Germinet a par ailleurs évoqué la désaffection actuelle des jeunes pour  les disciplines scientifiques et ses conséquences graves pour la recherche, les entreprises et d’une façon générale, pour la compétitivité de la France dans le monde. Il propose de renverser le courant en initiant très tôt les jeunes aux sciences, de manière simple, concrète, voire ludique, et ainsi de faire naître des vocations.

Bien que çà n’ait pas été évoqué, ne devrait-on pas aussi initier les jeunes aux bases de l’économie, et ainsi former les citoyens à comprendre et maîtriser son fonctionnement, au lieu de s’opposer aux changements induits par l’effacement des frontières économiques, la mondialisation ?

Ces propos interpellent les politiques.

 

Le tableau d’une école à réinventer, dressé à grands traits par Robert Germinet à partir de l’exemple de l’ENSMSE, a suscité l’intérêt de tous les participants.

Au terme des nombreuses questions, Jean Tardy l’a remercié, en soulignant la richesse pédagogique et organisationnelle de l’École et des idées émises sous une forme directe et agréable.

 

Une chose est certaine : l’École Nationale Supérieure des Mines de Saint-Étienne est une chance et un gage d’avenir pour la ville et sa région. 

Georges Rambeaud

photos de la soirée

Robert GERMINET
Jean TARDY

Une assistance attentive