Groupe de Paris des Anciens Élèves du Lycée Claude-Fauriel de Saint-Étienne

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AU REVOIR À NOTRE AMI CHRISTIAN JUIN »

Cher Christian,

Tu viens de nous quitter le 4 juillet 2006 et nous garderons tous un grand souvenir de toi, tu resteras à jamais dans nos mémoires.

Notre premier contact eu lieu lorsque tu me téléphonas, en septembre 1989, pour me manifester ton  intérêt pour le Groupe de Paris des Anciens de Fauriel. Ce fût un moment extraordinaire car, si nous ne nous connaissions pas au début, quand nous avons raccroché au bout d’une demi-heure, nous nous sommes quittés comme si nous avions été deux amis d’enfance qui venaient de revivre leur vie en partageant de nombreuses valeurs communes! Cela a été le début d’une complicité qui a duré 17 ans et qui vient, hélas, de se terminer.

Beaucoup de nos amis du Groupe de Paris, en particulier Colette Berger, Pierre Fayolle, Gérald Nelken, Marie-Paule Poulon, Christian Touron….et de Saint-Étienne, où tu revenais souvent, dont ton fils Christian, avec beaucoup d’affection et d’informations, Claudius Volle, avec beaucoup d’émotion, ami de maquis et père de notre ami Christian à Paris, Fred Barbarin  et d’autres, m’ont  apporté des témoignages qui m’on été précieux pour rédiger un hommage consensuel.

Avant de prendre pour la scène le nom de Christian Juin en 1946, tu t’appelais Maurice Sigel. On peut donc te dire, toi qui aimais les symboles, que Maurice est né le 4 octobre 1917 à Vienne, Isère, jour de la révolution russe (tu y tenais, rappelle ton fils Christian) et que tu nous as quittés un 4 juillet, à Paris, jour de la déclaration d’indépendance des États-Unis !
Tu as vécu dans une famille unie qui s’est installée à Saint-Étienne  en 1924. Tu as ainsi pu fréquenter le lycée Fauriel de 1925 à 1935, ce qui nous a donné le plaisir de te connaître plus tard.

1940 est une grande année pour toi : tu te maries, et après ta démobilisation tu entres dans la Résistance où tu vas nouer des amitiés très fortes dont Violette Maurice, que nous avons reçue avec beaucoup d’émotion au cours d’une soirée mémorable à Paris, Claudius Volle….
Ce dernier se souvient encore de l’émotion qui l’étreignit lorsque tu as entonné le 24 août 1944, jour de la libération de Saint-Étienne, sur les marches de l’Hôtel de Ville, « Le chant des partisans » et « Le chant du maquis ».
Cette même année tu décides de te lancer dans la chanson, dans la région stéphanoise et à Paris dans différents cabarets, dont « Le Bœuf sur le toit », et au Lido.
Pour fortifier ton talent, tu as travaillé ta voix d’abord à Saint-Étienne, puis à Paris auprès de ton « Maître » André Burdino, de l’Opéra de Paris et de la Scala de Milan, dont tu as découvert beaucoup plus tard, avec Chistian Touron, qu’il était le beau-père de sa sœur !

Installé à Paris en 1947 tu reviens régulièrement dans notre bonne ville de Saint-Étienne : l’artiste qui a conquis la notoriété n’oublie pas de venir retrouver ses camarades de maquis lors des manifestations d’Estivareilles, comme nous le rappelle Claudius Volle. Naturellement, le chanteur était mis à contribution.

Tu vas jouer dans de nombreuses opérettes telles que : « Chansons Gitanes », « Andalousie », Balalaïka » et aussi emmener ton tour de chant en tournée en France et en Belgique.

C’est vers 1964 que tu vas commencer à organiser des spectacles et produire les plus grands dont Léo Ferré, Reggiani, les Compagnons de la chanson dont tu as organisé la tournée d’adieu….

C’est dans cette activité, poursuivie jusqu’à ton dernier instant, que la plupart de nos Camarades parisiens t’ont découvert et t’ont souvent sollicité pour bénéficier de ton talent de chanteur a capella. Personnellement, j’ai toujours beaucoup apprécié  « Mississipi » et  « Le chant des partisans » dans lesquels ta belle voix grave prenait toute sa valeur.

Le Groupe de Paris se souvient des spectacles auxquels tu nous as conviés et où de nombreux amis se sont rendus avec plaisir, dont :

-        « Les Précieuses Ridicules où Molière présente son musical rock » : véritable révélation musicale sur le texte intégral de Molière, le 14 mars 1991

-        « En nouvelles chaussures », spectacle hilarant et cocasse produit par Christian Juin le 25 septembre 1996 au Théâtre de Dix Heures.                                      

-         « Une vie pour te servir, Liberté », le 24 avril 2001. Chants d’amour, de révolte, de lutte et d’espoir de et avec Christian Juin. Nous avons retrouvé toute ta personnalité dans ce

spectacle réussi, avec la participation d’Anne-Marie Bélime.

-        « Le Barbier de Séville 2002 » sur une idée originale de Christian Juin, le 1er décembre 2002, au Théâtre Impérial de Compiègne. En interprétant Beaumarchais ressuscité, tu étais le fil conducteur de la représentation porteuse d’un message de liberté de choix  et d’aimer, toujours d’actualité.

Cher Christian, tu as toujours été un amoureux de la vie, doté d’une énergie exceptionnelle. Tu te définissais comme un « cabotin ».

Ton optimisme et ton enthousiasme étaient contagieux. De plus, tu avais toujours des projets, qui se sont réalisés pour la plupart.

Tu avais plaisir à te présenter comme « viennois de naissance, stéphanois de cœur et parisien d’adoption  ».

Ton accueil chaleureux, ta sincérité et ta gentillesse étaient appréciés par tous ceux qui te rencontraient.

Nous retiendrons également de toi, ton humanisme, ta conscience des révoltes, des luttes, des espoirs et des amours humaines sans oublier plus de légèreté avec ton programme lyrique.

Tu as démontré le courage d’un « homme debout », montant encore sur les planches à plus de 85 ans, en quelque sorte un « résistant jusqu’au bout » comme le dit Pierre Fayolle.

Tes enfants, petits-enfants, arrières petits-enfants et proches, que tu aimais beaucoup, peuvent être fiers de toi.

Certains de nos Camarades t’ont entendu nous déclamer ton très beau poème « Les Copains » et en gardent un grand souvenir.

Au cours d’une visite que je t’avais rendue en août 2005, alors que tu n’allais plus très bien, j’avais eu le plaisir de t’entendre me dire très fortement « J’existe » en commentant cette formule. Sur ma proposition tu avais accepté de rédiger le texte de cet hymne à la vie. Je suis très ému et heureux de le faire publier, je crois pour la première fois, dans cet hommage : il te ressemble parfaitement et peut servir de référence à chacun d’entre nous :

J’existe….Je vais bientôt avoir 88 ans…. Sain de corps et d’esprit, j’existe. C’est Formidable !        

Sensationnel ! Merveilleux ! Constructif ! de pouvoir parler, entendre, regarder, marcher, même douloureusement parfois. Humer l’air frais de la montagne, comme le chantait si bien Jean Ferrat, j’existe.

Participer à la vie d’autrui, partager le même air que celui de son voisin, contempler le déroulement des saisons, même si la canicule vous perturbe. Recevoir le salut d’un Ami, réagir toujours contre ce qui vous semble injuste, entendre le rire d’un enfant, j’existe….
 

Faisant partie de ceux qui pensent qu’un verre est à moitié plein et non pas à moitié vide, je me construis toujours et pour longtemps, j’espère, un univers de projets, d’enthousiasme, même si parfois j’accepte mal notre société, pouvoir supporter le départ de ceux qu’on aime et vivre avec ces amputations ! J’existe  et je dois continuer ma route….. Ne pas dire, (ni surtout penser), « À quoi bon »….Mais croire en « Pourquoi pas ! ». Ne pas s’appesantir sur ce que l’on ne peut plus faire, mais profiter de ce que l’on a encore à faire, j’existe. Vous voir mes Amis qui m’écoutez……

Pouvoir se dire en s’endormant, (même si le sommeil est difficile à venir) demain, je verrai la lumière du jour, j’existe. 

Ma mère disait « Tout au sérieux. Rien au tragique ». J’ai fait mienne cette pensée et c’est pour cela que j’existe, j’existe, j’existe.

AU REVOIR CHRISTIAN, NOTRE AMI.

Jean TARDY