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soirée du mardi 30 octobre 2012
dîner-rencontre au Sénat avec Maurice VINCENT
 Sénateur-Maire de Saint-Étienne, président de Saint-Étienne Métropole

le compte-rendu   les photos de la soirée

compte-rendu de la soirée

Le présent et l'avenir de Saint-Étienne passionnent toujours les Parisiens de Fauriel

Mardi 30 octobre 2012, ils étaient donc une cinquantaine dans le cadre prestigieux des salons du restaurant du Sénat, pour écouter Maurice VINCENT, Sénateur-Maire de Saint-Étienne et président de Saint-Étienne Métropole, leur parler de son bilan à la tête de la ville et de la communauté d’agglomération et présenter ses projets d’avenir.

Dans son mot d’accueil, Christian VOLLE, remercia Maurice VINCENT pour son accueil et salua la présence dans l’assistance de Paul CAMOUS, préfet de la Loire de 1969 à 1973, ainsi que d’Henri CHAUVE et René CHAUD, respectivement président et trésorier de l’association, venus spécialement de Saint-Étienne pour l'occasion.

 

Christian VOLLE présenta brièvement Maurice VINCENT qui fit un exposé avant le repas et, ensuite, répondit aux très nombreuses questions posées par les participants.

Né à Saint-Étienne en 1955, Maurice VINCENT est docteur en économie. Il a été professeur à l’Université Jean-Monnet de Saint-Étienne et, de 1997 à 1992, il en a assuré la présidence.

Il est élu conseiller municipal en 1995 et conseiller régional en 2004. En 2008 il devient maire de Saint-Étienne et président de Saint-Étienne Métropole. En septembre 2011, il devient sénateur de la Loire. En septembre 2012, il est désigné président du Club des villes d’accueil de l’Euro 2016 de football ; depuis septembre 2012, Maurice VINCENT est également président de l'Association Acteurs Publics Contre les Emprunts Toxiques (APCET).

 

De cet échange très riche ressortent notamment les points suivants.

 

Les mutations depuis 40 ans – démographie - le rebond après le déclin

Maurice VINCENT dit tout d’abord se réjouir de cette rencontre avec des Stéphanois. Il apprécie ces rencontres placées sous le signe des valeurs stéphanoises de solidarité et de convivialité au cours desquelles, au-delà des différences et des désaccords ponctuels, nous échangeons autour de notre passion commune, la ville de Saint-Étienne.

 

Saint-Étienne, grande ville dans une grande agglomération, a été un des fers de lance de l’industrie française au 19e et au 20e siècle. Les évolutions économiques intervenues depuis les années 60 ont conduit à des mutations considérables et à de multiples reconversions. La disparition de la Manufacture d’armes (MAS) et de Manufrance (que les non-stéphanois ont parfois tendance à confondre) en est un des exemples.

Comme d’autres grandes villes, Saint-Étienne est confrontée à la mondialisation et connaît une importante évolution  géographique avec l’explosion de la maison individuelle et le développement périurbain.

Il y a eu une forte expansion territoriale dont la ville centre a souffert en termes démographiques. L’agglomération a aussi perdu des habitants, mais, en 2009 est intervenu un léger rebond. Cela dit, il s’agit d’une importante agglomération : 386 000 habitants, et bientôt 400 000 avec l’intégration d’Andrézieux-Bouthéon et de La Fouillouse.

 

Maurice VINCENT souligne que le mandat qu’il effectue, se situe, pour partie, en continuité avec certaines des orientations prises précédemment par Michel THIOLLIÈRE. S’il y a bien sûr eu des changements, des projets importants, tels que celui de la Cité du design, ont été poursuivis.

Il indique que l’ouvrage remis aux participants, Saint-Étienne un territoire qui se réinvente de Frédérique de Gravelaine constitue une synthèse des évolutions enregistrées au cours des quinze dernières années et des projets pour les dix années à venir.

Maurice VINCENT insiste aussi sur la considérable mutation de la population intervenue au cours des dernières décennies, avec une grande diversité sociale et d’origines.

 

Au-delà des difficultés rencontrées, Maurice VINCENT se dit résolument optimiste pour la ville et son agglomération. En effet, sur le plan économique, l’essentiel des reconversions a été effectué.

Si le taux de chômage est encore à un niveau dont on ne saurait se satisfaire, il n’est néanmoins pas supérieur à la moyenne nationale, ce qui n’était pas le cas il y a vingt ans.

L’agglomération (au sens économique du terme) bénéficie de la présence sur son territoire de la présence d’une trentaine d’entreprises (grosses PME-PMI, groupes multinationaux) bien placées sur les marchés internationaux : SNS Floerger à Andrézieux, leader dans le domaine des floculants pour l’industrie pétrolière ; Thuasne, Gibaud et Sigvaris, acteurs de premier plan en matière de textiles médicaux ; HEF leader en ingénierie de surfaces avec 2000 collaborateurs dans le monde.

 

En conclusion de son propos liminaire, Maurice VINCENT souligne que si beaucoup reste à faire et si la transformation urbaine considérable est à poursuivre, Saint-Étienne est une grande ville inscrite dans la mondialisation et elle bénéficie d’atouts tels que ses entreprises, son université, son CHU. Il fait part de son optimisme, à condition de savoir se montrer volontaires et déterminés et ne doute pas que la ville et son agglomération connaissent le rebond après le déclin.

 

Les métiers exercés à Saint-Étienne

En réponse à une question d’une participante,  Maurice VINCENT indique que l’activité industrielle qui s’exerce encore à Saint-Étienne est proportionnellement plus forte qu’ailleurs en France. Mais l'évolution est la même que pour l’industrie française en général : la tendance est à un besoin de plus de personnels qualifiés, d'ouvriers spécialisés, d’ingénieurs et cadres ; l’industrie de simple assemblage décroit. Les entreprises citées précédemment se caractérisent par le haut niveau de qualification de leurs personnels, ce qui pose le problème des débouchés pour les personnels moins qualifiés. Ceux-ci peuvent trouver à s’employer dans des secteurs tels que la logistique ou les transports.

 

Maurice VINCENT insiste ensuite sur le fait qu’une des difficultés auxquelles est confrontée Saint-Étienne est que, parmi les grandes villes de France, elle est la seule à ne pas être capitale régionale, ce rôle étant exercé par Lyon située à une cinquantaine de kilomètres. De ce fait Saint-Étienne se trouve privée des emplois tertiaires quasi systématiquement associés au statut de capitale régionale (par exemple implantation de sièges régionaux de grandes sociétés).

Pour augmenter le nombre d’emplois tertiaires, des efforts sont menés dans le quartier de Chateaucreux, à proximité du siège de Casino. Ce site bénéficie d’atouts importants : bonne desserte en transports et prix compétitifs.

 

Les transports : autoroute A45 – TGV

À un participant qui l’interroge sur le fait de savoir si le projet d’autoroute A45 représente un atout ou un risque pour Saint-Étienne, Maurice VINCENT répond que cette nouvelle autoroute, sans résoudre tous les problèmes de Saint-Étienne, correspond à une réelle nécessité. L’actuelle A47 est souvent engorgée et l’une des conditions de la compétitivité économique d’une ville et de son agglomération est son accessibilité. Le seul problème est que cette autoroute fait partie, au niveau national, d’un ensemble de grands travaux (schéma national des infrastructures de transport) dont le coût total est de 245 milliards d’euros sur 25 ans et qu’il n’y a pas actuellement les ressources pour tous les financer puisque le budget de l’État à destination des infrastructures de transport est de 2 milliards par an. Maurice VINCENT consacre donc une partie de son action à promouvoir ce projet pour qu’il fasse partie des choix prioritaires.

 

Un participant observe que le TGV met 1 h 50 pour rallier Paris à Lyon, mais qu’il faut ensuite 50 minutes pour gagner Saint-Étienne. Partageant cette observation, Maurice VINCENT précise qu’à la différence de l’A45 où le seul problème  est le financement, pour le TGV il y a un réel problème  technique lié à l’étroitesse de la vallée. La solution pourrait se trouver dans la mise en œuvre  par la SNCF d’une nouvelle ligne de TGV partant de Paris-Austerlitz et passant par Orléans, Vichy et Roanne : le temps de trajet Paris - Saint-Étienne serait alors réduit à 2 h 10 à l’horizon 2025, mais il convient de préciser que la réalisation de ce projet (d’un cout de 13 milliards d’euros) n’a pas encore été décidée.

 

Le tourisme

S’agissant du tourisme, à propos duquel un participant fait observer que Saint-Étienne n’a aucune étoile au Guide vert Michelin, Maurice VINCENT commence par relever qu’il y a beaucoup à faire en termes d’image, notamment en raison de la manière dont la ville a longtemps été décrite par les écrivains, puis par les journalistes.

Des actions sont également nécessaires dans le domaine de l’accessibilité (TGV, autoroute).

La politique touristique de Saint-Étienne consiste à valoriser ses atouts que sont son environnement naturel et ses équipements culturels tels que les musées et la Cité du design.  D’ici quelque temps va paraître dans la série « Un week-end à … », un livre intitulé Un week-end à Saint-Étienne mettant en avant le tourisme urbain et périurbain avec notamment la Cité du design, le musée d’art moderne, le musée d’art et d’industrie.

Dans le domaine de l’hôtellerie, deux hôtels doivent être construits à proximité de la gare dans les deux ans qui viennent.

 

 

L’urbanisme - l’habitat - le commerce

Un participant indique que lors de ses passages à Saint-Étienne, il retire une impression de paupérisation du centre ville et souhaite connaître la politique menée dans ce domaine.

Maurice VINCENT souligne qu’un des enjeux majeurs de Saint-Étienne est de garder une population diversifiée dans le centre ville, de toutes catégories sociales. Maurice VINCENT rappelle qu’historiquement il y a toujours eu en centre ville un mixage de populations bourgeoises et de populations ouvrières. La politique menée doit viser à maintenir cette diversité en évitant que la population la moins aisée devienne ultra dominante.

Cette politique passe par la rénovation du bâti pour donner de la qualité de vie ; c’est ainsi par exemple que l’immeuble de la « Condition des soies » va donner lieu à une rénovation haut de gamme.

La politique immobilière consiste à faire du Crêt de Roch un quartier mixte et à favoriser le maintien de ménages aisés en centre ville. Elle consiste également à favoriser, quand c’est possible,  l’accroissement du nombre de maisons individuelles dans Saint-Étienne, car certains départs de la ville sont liés à la recherche de ce type d’habitat.

En résumé, il faut rénover, réhabiliter, requalifier. C’est ainsi que va être lancée la requalification de la Place de l’Hôtel de Ville. De même, la place Dorian va être refaite.

 

S’agissant du commerce, compte tenu des centre commerciaux implantés en périphérie, Maurice VINCENT considère que le commerce de centre ville doit se spécialiser dans le haut de gamme. Un mouvement en ce sens s’est d’ailleurs déjà produit dans le secteur Alsace-Lorraine et vers les Ursules. Il est à ce sujet intéressant de noter que, si le chiffre d’affaires du commerce a chuté, du fait de la crise, dans l’agglomération au cours des années écoulées, c’est en centre ville que la baisse a été la plus faible.

 

L’endettement – les finances

À propos de la dette, Maurice VINCENT insiste sur le fait que pour une ville l’endettement n’est pas de même  nature que pour un pays : une ville ne peut s’endetter que pour financer des investissements, pas du fonctionnement courant tel que les salaires des personnels. La Ville avait une dette importante en 2008. Depuis 1990 le nombre  d’habitants diminue, ce qui tire mécaniquement à la hausse la dette par habitant. Cela étant, ce qui compte pour apprécier l’importance de la dette, c’est le ratio dette/épargne. Avec une dette de 340 M€ et une capacité d’épargne de 40 M€ par an, la dette peut être remboursée en moins de dix ans. Même si la dette est supérieure à celle d’autres villes, elle est passée de dix-sept ans d’épargne à dix ans actuellement.

Ce désendettement progressif est lié à deux facteurs : d’une part à une augmentation des impôts au cours des premières années de mandat, d’autre part à une maîtrise des dépenses de fonctionnement. Grâce à une grande rigueur de gestion, la masse salariale a cru de moins de 1 % par an, et les autres dépenses de fonctionnement ont diminué de 6 %, puis de 3 % et encore de 3 %.

 

Saint-Étienne Métropole (la communauté d’agglomération) a été amenée à réduire ses investissements par rapport à la période antérieure où ceux-ci avaient atteint des montants très élevés (passage d’environ 90 M€ par an à 75 M€ par an environ).

La ville pour sa part maintient un niveau significatif d’investissement (82 M€ par an en 2013), bénéficiant pour les opérations d’urbanisme de ressources fournies par l’ANRU et l’EPASE (Établissement public d’aménagement de Saint-Étienne).

 

Attractivité de Saint-Étienne

À un étudiant qui lui dit préférer nettement la vie à Saint-Étienne à la vie à Paris, Maurice VINCENT répond que pour la plupart des gens, les choix de vie sont liés à l’emploi. C’est ce qui explique les efforts menés en facteur de l’augmentation de l’offre en emplois qualifiés à Saint-Étienne. Maurice VINCENT signale qu’une récente enquête de l’Express a classé Saint-Étienne en deuxième position parmi les villes où il fait bon vivre, les facteurs explicatifs étant notamment le prix du logement mais aussi « sa météo, son calme et ses réseaux de transport ».

 

Collections peu exposées du Musée d’art moderne                                                      

Un des participants attire l’attention sur le fait que d’importantes collections d’art ancien et d’art moderne ont été transférées au Musée d’art moderne mais sont peu exposées faute de place ; en effet, les espaces sont pour beaucoup consacrés à l’art contemporain et au design qui sont très importants pour ce musée, mais en matière d’art moderne les collections ont également un niveau international. Il en résulte que de nombreux visiteurs, non stéphanois et étrangers, repartent parfois frustrés car seule une faible partie de ces œuvres est visible.

Maurice VINCENT se dit tout à fait conscient du problème, mais la solution en est difficile en raison des contraintes financières. Une extension du Musée d’art moderne avait été envisagée pour exposer l’art ancien et moderne, mais elle coûterait de 20 à 30 M€, ce qui est hors de portée actuellement, compte tenu notamment des efforts faits pour la création de la Cité du design ; les collections en relevant devraient y être transférées. Cela fera gagner un peu d’espace, mais ce n’est qu’une solution partielle.

 

Ambassadeurs de Saint-Étienne

Plusieurs membres du Groupe de Paris signalent qu’ils étaient précédemment membres du « Club des Ambassadeurs de Saint-Étienne » et conviés à des manifestations dans ce cadre, mais ils n’ont plus de nouvelles depuis un certain temps.

Maurice VINCENT précise qu’il y a désormais, au niveau de  Saint-Étienne Métropole (communauté d’agglomération) le « Collectif des Ambassadeurs de Saint-Étienne », chargé d’appuyer et de pérenniser la démarche d’attractivité du territoire. Il se peut qu’il y ait eu un problème de transfert de fichiers entre la Ville et la communauté d’agglomération, mais les choses vont être régularisées. Il signale à ce sujet l’exposition des photographies de Félix Thiollier au Musée d’Orsay du 13 novembre 2012 au 10 mars 2013 organisée avec le concours du Collectif des Ambassadeurs.

 

 

Le 30 octobre 2012 était un jour où il y avait une séance de nuit au Sénat, et c’est la reprise des travaux qui a amené à mettre un terme à ces échanges très vifs, appréciés de tous.

 

Pour conclure, Christian VOLLE a vivement remercié Maurice VINCENT pour la chaleur de son accueil, sa disponibilité et la qualité des réponses fournies aux questions très diverses qui lui ont été posées.

Maurice VINCENT a ensuite guidé les participants qui le souhaitaient (ils ont été nombreux) jusqu’aux tribunes d’où ils ont pu assister à la séance de nuit qui s’est poursuivie dans l’hémicycle jusqu’à minuit trente.

 

photos de la soirée

Maurice VINCENT et l'assistance

Toutes les photos
(Pierre Allemand et Christian Volle)